mardi 30 juillet 2013

Approved by Lux, Lartigue


Lartigue























Jacques Henri Lartigue est exposé aux rencontres photographiques d'Arles, du 1er juillet au 22 septembre 2013.

jeudi 25 juillet 2013

Série Lux, Souvenir pieu, I

Souvenir pieu, I






C'est le moment!!! La bonne lune, le bon cycle, la bonne température, j’lui dis. Il ne trouve pas ça très excitant, ce rabat-joie. On peut faire les choses bien, de temps en temps ? Il prend tout à la légère, lui. La frivolité masculine… j'aime ça, parfois, mais là, c'est différent : tirer un coup et concevoir un enfant, ce n’est pas pareil ! On ne va pas baiser, aujourd'hui, je me félicite. Il ne comprend rien, me fait son ahuri : Ah! Bon? Tu m'as mis la trique pour rien? Aïe, aïe, aïe ! Si le p’tit l'entendait ! La vulgarité paternelle, ça ne pardonne pas : mimétisme, représentation déformée de la masculinité, croyances erronées sur la femme. Un adolescent odieux, un macho obnubilé par ses érections. Pas d’ça chez moi ! Hors de question d’engendrer un monstre ! Bon. Je lâche le morceau : tu vas m'ensemencer, aujourd'hui !!! Ah ! il se  contente d’éternuer.  Il pense que je déraille, que les élans maternels rendent idiote, qu’ça promet… Il se dégonfle, j’en reviens pas ! Le p’tit déj en caleçon, tu peux pas tricher… Un peu de dignité, voyons ! Pour le p’tit. Ok, j’me tais. Surtout, ne pas trop l'affoler… Ohlàlà, avachi sur sa chaise, maintenant. Une légère anxiété, on dirait. Mince. Pas bien bon, ça non plus. Sûre qu'il capte tout, le p’tit. Le stress du spermatozoïde. Un inquiet. Sexualité problématique. Un frustré. Des fantasmes tordus… Non merci! Où tu vas ? D’t’façon, j’en voulais pas, de ton détraqué d’fiston !

jeudi 18 juillet 2013

Dr Lux, Confessions de la peur... du noir

Confessions de la peur... du noir





Il se fait tard. La nuit est sombre, bientôt le noir. Des étoiles, peut-être… Si je pouvais les voir… Dormir dehors, et pourquoi pas ? Il ne fait pas si froid. Ou investir dans le velux, dans un lit-véranda, dans un œil de Grand-duc, dans un ménage à trois, un gardien de minuit, un réveil à antennes, un projecteur de choix, une luciole domestique, un détecteur de pas. Car qui sait ce qui peut se passer une fois la lumière couchée, dès lors qu’on ne peut plus anticiper ? Une trahison, un intrus, tout peut arriver. La vigilance accrue permet secrètement de contrôler, d’empêcher les surprises malvenues… comme celles de bon aloi, c’est vrai, mais mieux vaut verrouiller l’improbable que de se faire surprendre par l’évènement indésirable, par la nouvelle qui ne sait pas poliment s’annoncer.  Ne pas laisser sortir, ne pas laisser rentrer. Respirer le même air, faites qu’il ne soit pas vicié. Croire en ses repères, espérer que rien n’aille changer… non sans le souhait inavoué d’être enfin désabusé car le désir emmuré finit toujours par étouffer.

        J’aimerais tant voir dans le noir, pour ne jamais me tromper, ni de chemin ni d’espoir, ni d’être à aimer. Mon cœur pleure de ne pas savoir qui viendra encore le poignarder… appelle en aveugle l’heureuse confiance qui elle seule lui rendra sa lucidité.

jeudi 11 juillet 2013

BiblioLux, Journal d'un recommencement


                                      Journal d'un recommencement




Chaque dimanche ou presque, elle se rend à la messe sans trop savoir pourquoi. Dans son église et dans celle des autres. Elle voudrait comprendre ce qui la pousse à rentrer dans cet étrange théâtre qui ne cesse de se vider, à s’installer parmi le peuple des chevrotantes, à s’ennuyer. Que fait-elle là? c’est ce que se demande le lecteur, tant elle semble une étrangère qui, à l’instar du héros de Camus, appréhende le monde chrétien de l’extérieur avec une insaisissable mais néanmoins touchante indifférence que mime un style saccadé à la fois tendre et incisif. Qui est-elle, d’ailleurs? Une jeune femme lyonnaise qui après 15 ans d’athéisme, puisque c’est comme ça qu’on nomme le désintéressement religieux, retourne à la messe.  Ceci lui semble absurde, ou bien une régression, ou bien le fruit d’un déterminisme culturel et social. Voilà pourquoi participer à la vie paroissiale de Saint Théophile ne l’empêche pas de parler de Jésus Christ comme de celui qui dit je suis. Ainsi la gentille irrévérence côtoie-t-elle le sarcasme au même titre que la bienveillance sans jamais prendre partie pour ou contre le christianisme, car il n’est pas question d’idéologie, ni même de foi, mais de ce qui fait qu’on est étrangement bien à un endroit. Et cet endroit, il se trouve que c’est l’église.
A travers la quête personnelle de la narratrice cherchant à définir au cours des offices d’une année ce moi qui va à la messe, se dresse le tableau d’une institution tombant en désuétude, ce dont s’inquiète particulièrement Pascal, l’homme à tout faire ou le prêtre, si vous voulez, de Saint Théophile. Quoi de plus effrayant que la perspective pour son église de finir récupérée par l’art, comme celle de Bon Pasteur?
De la joie, du doute, des potins et des kirs, de la comédie… mais pas d’enthousiasme pour cette foi qui elle-même s’observe comme une énigme. Sans jamais verser dans le prosélytisme, ce que son regard démythificateur ne permet pas, Sophie Divry réussit le tour de force en une petite centaine de pages de nous donner envie d’aller nous installer sur les bancs d’une église... juste pour voir quid de cet ensorcellement froid qu’elle peint si bien. Vous voilà prévenus!
Extrait: Ce qu’elle peut en dire, c’est le moi qui va à la messe, le moi qui ne se rend pas en confession, le moi qui ne sait pas prier et le moi qui y parvient; c’est le moi qui soliloque et celui qui décante; c’est la femme qui s’arrête une fois par semaine pour une heure de rite, celle qui a été accueillie par un groupe et qui refuse d’y être avalée; ce qu’elle peut en dire, c’est le moi hérétique et le moi religieux.
Après le succès de son roman La cote 400 qui a déjà été traduit en 5 langues, l’auteure lyonnaise Sophie Divry signe ici son deuxième livre, une réjouissante curiosité qui se situe à la croisée du journal, du roman et de la pièce de théâtre. 

  Journal d’un recommencement, Sophie Divry, Les éditions Noir sur Blanc, avril 2013, 
   88 p, 10€