jeudi 7 novembre 2013

Musées by Lux, Vanité, Simon Renard de Saint André

Vanité, Simon Renard de Saint André





Vanité est un crâne abandonné sur la table, un crâne seul mais couronné, l’envie fantomatique de régner encore… l’increvable souhait de briller en société, et ce quels que soient les sujets à persuader de sa valeur, même si celle-ci ne fut jamais à démontrer. La société des morts, peut-être, occupe-t-elle ses soirées à se gonfler d’orgueil, à clamer ses galons, ses conquêtes, ses victoires et tout ce qui fait un nom.  Car ici-bas le verre se casse et la chair périt, le laurier s’ennuie vite de n’être plus nourri. Les orbites creuses et la gorge asséchée, l’ego d’os tente vainement de s’accrocher à ce qu’il ne peut désormais plus embrasser. Même les dents lasses échouent à rayer le parquet… Sans doute se sont-elles abîmées de l’avoir trop fait. Choisir ses costumes, son vin, ses cachets ; aiguiser sa plume, ses jouets à siffler ; remplir ses jours et toutes ses années de la bulle illusoire des festivités : un emploi à temps plein que de se distraire de ce qui disparaîtra demain. A quoi bon s’enorgueillir de ce qui est programmé pour s’en aller? N’a-t-on pas meilleur compte à laisser le temps filer ?  L’attachement aux succès, aux plaisirs, à la gloire fait de nous des inquiets. Doit-on alors délaisser l’art, les délices et les banquets ? S’en détacher, seulement, pour les apprécier. N’ayons pas peur de perdre ce qui nous sera enlevé. Profitons des trophées de la terre, même s’ils ne sont que mets momentanés. Ne leur cédons pas le pouvoir, ou ils sauront nous enterrer. La joie est plus légère quand elle n’est pas conditionnée. 

Musée des Beaux-arts, Lyon: Vanité, Simon Renard de saint André, XVIIème siècle, Huile sur toile. H. 60; L. 43cm. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire