Etre dans les petits papiers de quelqu'un |
N’allez pas croire qu’il
soit si confortable d’être dans les petits papiers de quelqu’un. Qui dit petits dit gentils et surtout bien polis.
Même si l’on vous cajole, si l’on
vous lustre le pelage avec affection, il ne s’agit pas d’avoir des envies
propres, de faire le dissident. Car une fois les faveurs acceptées, le donateur
devient un maître qu’il ne faudra jamais contrarier. Comment oserez-vous vous
en plaindre puisqu’il vous aura aidé? Seriez-vous cet ingrat qui ne fait que
prendre mais ne sait pas donner? Vous vous sentirez coupable, alors vous vous courberez,
vous rentrerez vos ailes et tairez tous vos souhaits pour que celui qui dit
vous aimer n’aille pas cesser de vous tendre du sucre et de jolis colliers. Il
vous applaudira tant que vous serez charmé. Ainsi vous contorsionnerez-vous de
bon gré pour rentrer dans la boîte à mots doux de celui qui aura su vous
dompter sans que vous vous en aperceviez.
Et on décidera pour vous de vos heures de sortie, car la liberté ne
s’accomode pas des histoires d’intérêts. Un jour viendra où ne pouvant plus
respirer, vous jetterez un cri, ferez trembler votre paquet devenu étriqué. Une
seule caresse pourtant sur les poils s’échappant du coffret vous fera oublier
le rêve insensé de l’autonomie et de la dignité. N’allez pas vous laisser
entortiller dans les rets flatteurs d’un soit-disant bienfaiteur ou vous serez
contraint de jouer la peluche apprivoisée. Fuyez tous ceux qui transportent
avec eux des boîtes soigneusement enrubannées: ce ne sont pas des chocolats
qu’elles contiennent, mais des hommes ensorcelés. N’acceptez qu’on ne vous
caresse que debout sur vos deux pieds… et jamais à quattre pattes, c’est bien
trop risqué!
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