Vanité, Simon Renard de Saint André |
Vanité est un crâne abandonné sur la
table, un crâne seul mais couronné, l’envie fantomatique de régner encore…
l’increvable souhait de briller en société, et ce quels que soient les sujets à
persuader de sa valeur, même si celle-ci ne fut jamais à démontrer. La société
des morts, peut-être, occupe-t-elle ses soirées à se gonfler d’orgueil, à
clamer ses galons, ses conquêtes, ses victoires et tout ce qui fait un nom. Car ici-bas le verre se casse et la chair
périt, le laurier s’ennuie vite de n’être plus nourri. Les orbites creuses et
la gorge asséchée, l’ego d’os tente
vainement de s’accrocher à ce qu’il ne peut désormais plus embrasser. Même les
dents lasses échouent à rayer le parquet… Sans doute se sont-elles abîmées de
l’avoir trop fait. Choisir ses costumes, son vin, ses cachets ; aiguiser
sa plume, ses jouets à siffler ; remplir ses jours et toutes ses années de
la bulle illusoire des festivités : un emploi à temps plein que de se
distraire de ce qui disparaîtra demain. A quoi bon s’enorgueillir de ce qui est
programmé pour s’en aller? N’a-t-on pas meilleur compte à laisser le temps
filer ? L’attachement aux succès,
aux plaisirs, à la gloire fait de nous des inquiets. Doit-on alors délaisser l’art,
les délices et les banquets ? S’en détacher, seulement, pour les
apprécier. N’ayons pas peur de perdre ce qui nous sera enlevé. Profitons des
trophées de la terre, même s’ils ne sont que mets momentanés. Ne leur cédons
pas le pouvoir, ou ils sauront nous enterrer. La joie est plus légère quand
elle n’est pas conditionnée.
Musée des Beaux-arts, Lyon: Vanité,
Simon Renard de saint André, XVIIème siècle, Huile sur toile. H. 60; L. 43cm.
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