La Cathédrale, Nicolas de Staël |
La Cathédrale est une masse lumineuse,
un repère essentiel, une balise dans la nuit. Un chemin sombre nous y mène,
oui… mais pas d’inquiétude : il se
dresse, on dirait, sans embûches ni faux-amis. Aller tout droit vers le centre,
ne pas craindre l’ennui : la voie la plus simple s’encombre rarement du
feu d’artifice de l’euphorie. Or quelle réjouissance que de rencontrer dans
l’obscur silence de la vie d’ici l’imposante auberge, l’école de l’envie! Car
n’éveille-t-elle pas l’envie de voir et de comprendre, de répondre à l’énigme
du sens, de l’étrange élégance, de l’éclat de minuit ? Qu’on s’écarte de
la route la plus courte et on sera aussitôt ébloui… par la blancheur
insistante, par l’assurance généreuse de la demeure qui luit pour tous les
visiteurs, même pour celui qui se méfie.
Un bloc solide, une maison ordonnée. Le père et la mère, celle qui
rassure et celui sur qui s’appuyer. Un labyrinthe aussi, ne serait-ce pas
risqué de s’y aventurer ? Des reflets dorés percent la pierre lunaire,
révélant la couleur du mystère, dissipant le doute austère. Seul un immense
trésor peut briller de la sorte, le curieux ne l’envisage pas autrement. Alors
il ouvre la porte… Béni soit l’impudeur, béni soit la soif d’émerveillement.
Musée des Beaux-arts, Lyon: La Cathédrale, Nicolas de Staël, 1955, Huile sur toile. H. 195 ; L. 130cm.
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