jeudi 12 septembre 2013

Approved by Lux, La Danza de la realidad, Jodorowsky


La Danza de la realidad, Alejandro Jodorowski







On ne peut regarder ce film sans pardonner ensuite à ses parents. Quel bel hommage en effet du réalisateur et acteur* chilien à ses parents à travers cette quête difficile du père qui devra traverser l’enfer pour se débarrasser de ce qu’il n’est pas et d’odieux devenir celui qu’on n’attendait pas. Pas de tours de magie, pourtant, enfin presque pas. Il est vrai que la mère a un don surprenant : elle sait que tout est possible pour celui qui le croit. Elle a quelque chose du maître qui ne souffre pas ou très peu car sa confiance demeure inébranlable. Tout au long du film d’ailleurs, elle chante ses répliques (ce qui, dans un 1er temps, surprend!), sans doute parce que sa voix ne cesse d’être celle du cœur. Ainsi cette femme étrange qui nous agace finit-elle inévitablement par nous toucher.
Ce film, c’est l’histoire d’un enfant qui souffre de n’être pas celui qu’on veut qu’il soit : d’abord la réincarnation de son grand-père maternel, puis un homme fort bien avant l’heure, si vraiment heure il y a pour cela. C’est l’histoire de l’homme qui apprend à aimer son humanité, de celui qui guérit son cœur par la foi. La foi en dieu, c’est comme ça que la mère l’appelle, derrière ce mot cependant se cache une vision libérée de tout dogme religieux. Elle croit en la magie et en la puissance de la vie, en le visible comme en l’invisible. Si la réalité des personnages s’avère très dure, l’attitude de la mère révèle qu’elle peut être appréhendée à titre personnel en faisant le choix de la vérité du cœur. Elle seule a le pouvoir de changer la réalité. Pas de scènes mièvres pour autant, loin de là : de la misère, de la torture, du sexe et la mort, ce à quoi Jodorowski nous avait habitués. Non par goût de la violence, on l’aura compris, mais parce que ce sont ces ingrédients-là qui ont bercé les années chiliennes de son enfance. Car ce film est aussi l’histoire d’un peuple contraint à la misère par le tyran. On dit le parce qu’il semble commode de désigner un coupable… mais s’il était le seul, pourquoi l’Histoire se répèterait-elle ? Bien sûr qu’il y en a un autre : le père avec son fils, oui… et avec lui-même. Et nous? Difficile après cela d’hurler tout à fait haineusement A mort le tyran, non ? Pénibles, ces films qui nous incitent à nous remettre en question, vous avez raison… mais tellement bons!
Une film magnifique qui ne laisse pas indemne, donc. Et puis une fois qu’on a pardonné à ce père-là, on n’a plus d’autre choix que de pardonner une deuxième fois… Ohlàlà…

*Même s’il précise que l’acteur, il le fait seulement !

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