Confessions de la peur... des autres |
On
sonne à la porte. Quelqu’un a sonné à la porte. Qui peut donc sonner à ma porte
à cette heure-ci ? Si je colle mon œil au judas, l’intrus m’entendra. Il
rôdera sur le palier, toussera à tue-tête, installera son camp,
piétinera sans gêne mon paillasson. Il me parlera, même, me dira qu’il me voit
et je serai prise au piège : fini l’intimité, fini la paix tranquille, adieu
les grands débats ! Parce que je philosophe, moi, je médite sur la mort et
toutes ces choses-là. Je me souviens du passé, je m’explique mon histoire,
j’apprends la liberté. Nul besoin d’un tiers, j'ai de la distraction :
personne ne me servira de bouffon. Je n’aime que ceux des livres, ceux
des rois, ceux des songes, de la gentille illusion. Je préfère la solitude fertile à l’échange infécond, aux cœurs étrangers, aux visages à facettes, aux
regards effrayants… des ogres, des vautours, des méchants, j’en rencontre trop souvent. On ne me dévorera pas ce soir. Pas de viol de mon territoire, qu'on
ne s’introduise nulle part. Ni dans mon chaud repère, ni dans ma chair solitaire.
Les verrous sont posés, il n’y a pas à s’en faire. Silence, il croira au
silence… Ça y est : l’homme
invisible s’en est allé. Mon temps n’aura pas à s’offrir à sa faim esseulée.
Demain, je couperai la sonnette, le téléphone, la télé et aussi le courrier.
On ne
sonne plus à ma porte. Je n’entends plus sonner. Je me débrouille bien toute
seule, je suis autonome pour pleurer. Enfin mes yeux s’y mettent à deux et mes
larmes par mêlées. Je ne l’ai pas vu venir, l’assaillant familier. Que je me
coupe les paupières, peut-être, pour qu’il me fiche la paix… que je débranche
le cœur et ce sera parfait.
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