jeudi 22 août 2013

Dr Lux, Confessions de la peur... des autres

Confessions de la peur... des autres





     On sonne à la porte. Quelqu’un a sonné à la porte. Qui peut donc sonner à ma porte à cette heure-ci ? Si je colle mon œil au judas, l’intrus m’entendra. Il rôdera sur le palier, toussera à tue-tête, installera son camp, piétinera sans gêne mon paillasson. Il me parlera, même, me dira qu’il me voit et je serai prise au piège : fini l’intimité, fini la paix tranquille, adieu les grands débats ! Parce que je philosophe, moi, je médite sur la mort et toutes ces choses-là. Je me souviens du passé, je m’explique mon histoire, j’apprends la liberté. Nul besoin d’un tiers, j'ai de la distraction : personne ne me servira de bouffon. Je n’aime que ceux des livres, ceux des rois, ceux des songes, de la gentille illusion. Je préfère la solitude fertile à l’échange infécond, aux cœurs étrangers, aux visages à facettes, aux regards effrayants… des ogres, des vautours, des méchants, j’en rencontre trop souvent. On ne me dévorera pas ce soir. Pas de viol de mon territoire, qu'on ne s’introduise nulle part. Ni dans mon chaud repère, ni dans ma chair solitaire. Les verrous sont posés, il n’y a pas à s’en faire. Silence, il croira au silence… Ça  y est : l’homme invisible s’en est allé. Mon temps n’aura pas à s’offrir à sa faim esseulée. Demain, je couperai la sonnette, le téléphone, la télé et aussi le courrier.
     On ne sonne plus à ma porte. Je n’entends plus sonner. Je me débrouille bien toute seule, je suis autonome pour pleurer. Enfin mes yeux s’y mettent à deux et mes larmes par mêlées. Je ne l’ai pas vu venir, l’assaillant familier. Que je me coupe les paupières, peut-être, pour qu’il me fiche la paix… que je débranche le cœur et ce sera parfait.

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