Avoir les yeux plus gros que le ventre |
Avez-vous déjà croisé l’homme qui a les yeux plus gros que le ventre? Ses yeux sont si exubérants qu’ils occupent tout le territoire de son visage. Tant pis pour le nez, les joues et la bouche: ils n’avaient qu’à crier plus fort que leurs voisins globuleux. La vue n’est-elle pas le sens le plus sollicité? On voit alors on désire, on espère, on salive. On nourrit le ventre de sa vue à coups d’appétit démesuré. Si je peux tout regarder, je peux sans doute tout posséder: à moi le festin reluqué! Ainsi se jette-t-il avec frénésie sur les mets convoités sans douter de sa capacité à les digérer. Les estomacs de tête manquent en effet de discernement, aveuglés par l’empire éclatant de leur désir de présomption. Le ventre plus terre à terre connaît l’étendue exacte de sa faim et ne jouit pleinement que de ce qu’il peut avaler sans se forcer. L’homme au visage déformé est un éternel insatisfait: ses yeux voudront toujours plus et son corps décevant échouera encore une fois à se délecter de tout ce qui lui sera imposé. Blâmé de ne pas être à la hauteur, le ventre sermonné grossira… mais jamais il ne parviendra à combler la sotte vanité de la vue qui croit aussi avoir des bras. Ses yeux enfleront comme des ballons faisant de l’homme qui veut tout prendre une montgolfière à lunettes, un chameau presbyte, une poitrine à cils, un engin hypnotique au désir automatique.
Gardez l’oeil ouvert sur ceux des autres… et votre mètre à portée de main afin de vérifier qui du ventre ou des yeux qui vous parlent est le maître. Réjouissez-vous si c’est le ventre car contre toute attente, lui sait par instinct qu’il ne peut pas vous dévorer!
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