Confessions de la peur... d'agir |
Immobile. Je reste immobile. Si je bouge, tout peut tomber,
on ne sait jamais. Un faux mouvement, une parole inappropriée et c’est la
guerre, la fin du monde, du silence, de la vision claire et des précieux
rangements. J’ai mis tant de temps à le construire, mon château fort. Chaque
pièce s’avère le fruit mérité d’années de quête et de maturité. Le mobilier, l’horloge,
les cendriers, la guitare, les poissons-chats posés là forment la charpente
complexe de mon chez-moi. Qu’ils ne bougent pas. La poussière seule dérange
l’ordre tranquille de mon repère paisible. A croire que le temps se moque ouvertement
des belles compositions qu’il alourdit sans raison au fil des ans. N’est-il pas
ce tyran insatisfait qui force continuellement les choses et les gens à se
dépoussiérer, à changer de place, à changer d’habits et d’opinion ? N’a-t-il
comme unique occupation que de contrarier la sécurité si rudement gagnée ?
Je ne me laisserai pas faire, je lui résisterai quitte à ce que ce combat tue le
temps que je n’aime pas voir rôder autour de moi avec provocation.
De veiller mon corps s’engourdit, je vais me lever :
plaff, mon fauteuil pivote, le tapis avec lui et le sommeil du chat. Un château
de sable ne serait pas moins délicat. Le temps rit, flairant le goût du souk,
l’effondrement du ciment, beuglant l’éloge du soi-disant vivant. Des bruits de
verre, c’est la queue du félin, la carafe surprise, la maladresse, la guigne.
Stop, je réfléchis : si je me trompe, si je ne fais pas assez bien… si je
fais nul, autant ne faire rien. J’accepte l’indifférence, pas la condamnation,
j’ai le vertige du jugement. Je jouis
de ne vivre en funambule que dans mes rêves déments.
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