vendredi 25 octobre 2013

Dr Lux, Confessions de la peur... d'agir

Confessions de la peur... d'agir

            Immobile. Je reste immobile. Si je bouge, tout peut tomber, on ne sait jamais. Un faux mouvement, une parole inappropriée et c’est la guerre, la fin du monde, du silence, de la vision claire et des précieux rangements. J’ai mis tant de temps à le construire, mon château fort. Chaque pièce s’avère le fruit mérité d’années de quête et de maturité. Le mobilier, l’horloge, les cendriers, la guitare, les poissons-chats posés là forment la charpente complexe de mon chez-moi. Qu’ils ne bougent pas. La poussière seule dérange l’ordre tranquille de mon repère paisible. A croire que le temps se moque ouvertement des belles compositions qu’il alourdit sans raison au fil des ans. N’est-il pas ce tyran insatisfait qui force continuellement les choses et les gens à se dépoussiérer, à changer de place, à changer d’habits et d’opinion ? N’a-t-il comme unique occupation que de contrarier la sécurité si rudement gagnée ? Je ne me laisserai pas faire, je lui résisterai quitte à ce que ce combat tue le temps que je n’aime pas voir rôder autour de moi avec provocation.
De veiller mon corps s’engourdit, je vais me lever : plaff, mon fauteuil pivote, le tapis avec lui et le sommeil du chat. Un château de sable ne serait pas moins délicat. Le temps rit, flairant le goût du souk, l’effondrement du ciment, beuglant l’éloge du soi-disant vivant. Des bruits de verre, c’est la queue du félin, la carafe surprise, la maladresse, la guigne. Stop, je réfléchis : si je me trompe, si je ne fais pas assez bien… si je fais nul, autant ne faire rien. J’accepte l’indifférence, pas la condamnation, j’ai le vertige du jugement. Je jouis de ne vivre en funambule que dans mes rêves déments.

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